FRIARD, Dominique, BONO, Sanae, « La PMD, c’est mon destin », Santé mentale, n° 167, avril 2012, pp. 71-74.

sm167_cvEn présentant le suivi d’un patient de 30 ans, hospitalisé plusieurs fois depuis 8 ans pour des crises périodiques de manie et mélancolie, les auteurs, l’un psychiatre, l’autre infirmier psychiatrique, s’intéressent au « nombre élevé de suicides et de morts violentes dans les lignées maternelles et paternelles ». Et ceci pendant au moins quatre générations. Et ils mettent en lien ces faits avec le concept des facteurs blancs.

L’histoire de ce patient prend ses racines dans le fait que le divorce de ses parents est prononcé alors que sa mère allait accoucher de lui. Mais surtout dans la réactualisation d’une histoire complexe d’héritage ayant provoqué une succession de conflits dans la famille paternelle.

Rapidement, ils viennent alors à relier ces observations, lors des entretiens informels effectués par un infirmier, à ce qui est signifié par le terme de facteurs blancs.

Les auteurs soulignent le fait que les facteurs blancs, « comme ils renvoient à un vide, le sujet ne peut rien faire. Il ne peut qu’être aspiré par ce vide. » Dans ces conditions, « la manie serait une réponse à ce vide mais une réponse qui tourne vide. Les jeux de mots auraient cette fonction. Le sujet glisserait sans fin d’une idée à l’autre voire d’une action à l’autre, sans transition ni continuité. La manie constituerait une suppléance contre une dérive mortelle.  […] L’expérience vécue de la PMD, entre manie et mélancolie, est tellement prégnante qu’il paraît difficile de s’en remettre totalement. Comment donner un sens à l’excès maniaque qui amène le sujet à accomplir des choses qu’il ne s’autoriserait en aucun cas dans son état “normal” ? Comment intégrer la mélancolie et la recherche à tout prix de la mort qu’elle suppose ? »

Nous savons, en général, selon les histoires dont nos patients témoignent depuis plus de 20 ans, comment les problématiques non-résolues, ou les actes non symbolisés, des générations précédentes peuvent rejaillir sur un sujet avec la même force d’un véritable traumatisme actuel. D’autant plus la question de suicides lors des générations précédentes.

Nous attaquerons cette question, associée forcément à nos thèmes courants de recherche, dans un avenir proche, selon la logique et la tournure que prendra notre intérêt.

German ARCE ROSS. Paris, 2015.

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