Chers amis, 

je vous souhaite une Excellente Nouvelle Année 2022, avec des accomplissements heureux, un profond espoir et un enthousiasme sans faille malgré les crises à répétition, et à tous niveaux, que nous subissons depuis quelque temps. 

J’ai aussi le plaisir de vous informer que le premier volume de notre série de livres collectifs Gordiens et borroméens sur les Ruines psychiques est déjà paru au mois de mars dernier. Et étant très satisfait du résultat, j’ai prévu un deuxième volume, cette fois-ci sur l’Inceste dans la famille occidentale. 

Il y a quelques mois, lorsque j’ai lancé l’appel à contributions pour ce deuxième projet, j’ai eu l’agréable surprise de recevoir, en à peine une semaine, des réponses de qualité en nombre presque suffisant pour le concrétiser.

Aujourd’hui, une partie des contributeurs sélectionnés a déjà envoyé son texte terminé et l’autre partie est au travail pour le finaliser avant le 15 mai, nouvelle date limite pour la réception des contributions.

Comme prévu, je reprend en main ce projet qui pourrait être finalisé avec les contributeurs déjà engagés. Cependant, sachez qu’il est éventuellement encore possible d’ajouter un ou deux textes supplémentaires.

Si vous pensez pouvoir produire un texte de qualité avec des références cliniques sur le thème de l’Inceste dans la famille occidentale, n’hésitez pas à m’adresser un court argumentaire en une seule page avec le titre de votre proposition jusqu’au 31 janvier au mail suivant : [email protected].

Dans la séquence, si vous le souhaitez, vous pouvez consulter la présentation du projet.

Bien amicalement,

GAR, le 1er janvier 2022

Inceste dans la famille occidentale

Depuis la chute évolutive de l’homme primitif et sa reconversion en sujet dit « civilisé », l’homme a compris que les pulsions sexuelles et la pratique de la sexualité ont besoin d’un traitement particulier, notamment en termes d’interdits, de freins symboliques, de privations adéquates et de frustrations réelles. Pour faire civilisation, les relations intimes entre hommes et femmes ne peuvent être libres que sous certaines conditions, parce que tous les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes statuts civilisateurs les uns par rapport aux autres. La véritable liberté sexuelle est ainsi un mythe ou une formule d’appel pour des marketings politiques en mal de convictions éthiques.

Selon l’enseignement freudien, suivi à la lettre avec beaucoup de relief par le Séminaire et les Écrits de Lacan, l’interdiction de l’inceste a toujours été considérée comme étant à la base de ce que j’appelle le lien de civilisation. C’est de cet interdit que découle la Loi symbolique du père et l’organisation de l’économie pulsionnelle. Aussi, beaucoup d’anthropologues depuis Claude Lévi-Strauss considèrent que les structures de parenté, l’organisation exogamique de la société, aussi bien que les valeurs de civilisation — inscrites dans l’histoire de l’humanité à travers les mythes, les légendes ou les dogmes religieux —, dépendent non seulement de l’échange totémisé entre les sexes mais également de l’interdiction de la sexualité entre certains hommes et certaines femmes.

Pour faire civilisation, il est absolument nécessaire de sacraliser l’interdiction sélective de la sexualité dont l’interdiction de l’inceste est le paradigme irrévocable. Aucun homme ne doit absolument entretenir des relations sexuelles avec n’importe quelle femme ni avec n’importe quel homme. Il est ainsi interdit, à chaque homme, les relations sexuelles avec sa mère, sa soeur ou sa fille, ou quelqu’un d’équivalent, aussi bien qu’avec son père, son frère ou son fils, ou quelqu’un d’équivalent. La même règle s’applique exactement de la même façon à chaque femme. Mais, quelles en sont les raisons ?

D’une part, l’interdiction sélective de la sexualité incestueuse — par le moyen du système totémique, symbolique ou signifiant, grâce aux multiples modes d’expression de la fonction du Nom-du-Père —, permet la mise en place des structures de parenté et de l’exogamie. Ces derniers, avec la famille hétérosexuée, fondent le socle affirmatif du lien de civilisation. Celui-ci est dit « affirmatif » car il apporte des éléments positifs, créatifs, moteurs pour l’évolution humaine, alors que les aspects « négateurs » sont ceux sécuritaires car ils interdisent, freinent ou empêchent les facteurs destructeurs du vivier humain en évolution.

D’autre part, l’inceste, en tant qu’interdiction sélective de la sexualité, permet également l’extrapolation à d’autres interdictions secondaires de la sexualité généralisée. À ce propos, nous pouvons faire référence à des interdictions généralisées, et pourtant sélectives, vis-à-vis de partenaires qui échapperaient à la règle de l’inceste. Il y a normalement une modération, un frein, un impératif de prudence, des règles contraignantes de séduction et d’échange, en termes de volume et d’intensité aussi bien que de fréquence et d’amplitude, concernant la jouissance sexuelle de chaque sujet. Pourquoi ?

Parce que l’interdiction ou la modulation stricte de la sexualité hors-inceste permet de rétablir l’équilibre pulsionnel et de maîtriser les pulsions inconscientes de destruction. Par exemple, dans l’interdiction de l’inceste, il est interdit d’avoir des relations sexuelles avec son enfant ; dans l’interdiction généralisée (hors-inceste), il est interdit pour un adulte d’avoir des relations sexuelles avec n’importe quel autre enfant que le sien ou avec les femmes qui ne sont pas consentantes ou encore dans des situations qui ne sont pas adéquates pour l’intimité (en public, au travail, etc.). Et, ainsi de suite, en dehors de l’inceste et par extrapolation de cet interdit fondamental, il y a un grand nombre de situations et des personnes avec lesquelles la sexualité est normalement interdite pour chacun d’entre nous, sans exception.

Notre point de vue postule que ces interdits sélectifs et généralisés de la sexualité hors-inceste dépendent logiquement de la réussite de l’interdit primaire de l’inceste.

Informations pratiques  

Si vous êtes auteur, étudiant, chercheur, enseignant-chercheur, doctorant, post-doctorant, psychanalyste, psychiatre ou psychologue clinicien d’orientation psychanalytique, et si vous voulez partager vos réflexions à caractère scientifique avec des lecteurs intéressés par des études psychanalytiques sur ce thème, vous pouvez nous proposer une contribution écrite pour publication dans le projet Gordiens & borroméens.

L’appartenance, ou non, à une école ou à une association de psychanalyse n’est pas une condition pour participer. La condition est plutôt l’initiative personnelle de chacun dans son transfert à la psychanalyse ; un transfert qui ne se veut ni idéologique ni dogmatique, bien entendu.

Si vous êtes intéressé, nous vous prions de nous envoyer un titre et un court argumentaire (deux ou trois paragraphes suffiront), avant le 31 janvier 2022, à notre adresse mail : [email protected].

Ensuite, les textes définitifs seront attendus jusqu’au 15 mai 2022, selon nos  Instructions aux auteurs, pour publication prévue début 2023.

Quelques idées de thèmes possibles pour votre texte

— Le Non-dit et le secret familial

— Psychopathologie de la parentalité

— Défaillance des interdits et séduction infantile

— Confusion de langues entre les parents et les enfants

— Les Grands-parents et les fantasmes dans la famille élargie

— Abus et violences contre l’enfant préféré

— Sexualité du couple des parents et transmission intergénérationnelle

— Le Corps de l’enfant et de l’adolescent dans l’intimité familiale

— Inceste hétérosexuel et inceste homosexuel

— Inceste et pédophilie

German ARCE ROSS, le 7 janvier 2021