Sad Woman Crouching, Sobbing Amid Ruins

Appel à contributions

Nous avons le projet de publier des volumes collectifs, périodiques et psychanalytiques sur le monde d’aujourd’hui, selon une cadence spontanée et sans contraintes institutionnelles.

Nous avons encore quelques places pour le premier volume collectif et nous lançons ici un dernier appel à contributions pour celui-ci.

Si vous êtes auteur, étudiant, chercheur, enseignant-chercheur, doctorant, post-doctorant, psychanalyste, psychiatre ou psychologue clinicien d’orientation psychanalytique, ou architecte urbaniste ou designer, et si vous voulez partager vos réflexions à caractère scientifique avec des lecteurs intéressés par des études psychanalytiques sur les thèmes prévus, vous pouvez nous proposer une contribution écrite pour publication dans le projet Gordiens & borroméens.

L’appartenance, ou non, à une école ou à une association de psychanalyse n’est pas une condition pour participer. La condition est plutôt l’initiative personnelle de chacun dans son transfert à la psychanalyse ; un transfert qui ne se veut ni idéologique ni dogmatique, bien entendu.

Si vous êtes intéressé, nous vous prions de nous envoyer un titre et un court argumentaire (deux ou trois paragraphes suffiront), avant le 15 juin 2019, à notre adresse mail : [email protected].

Ensuite, les textes définitifs seront reçus jusqu’au 15 septembre 2019, selon  Instructions aux auteurs, pour publication prévue vers la fin 2019.

Voici le thème qui pourrait être celui du premier volume.

Les Ruines psychiques dans l’art et la psychopathologie

Avec notre terme de ruines psychiques, nous formulons qu’il y a une véritable capillarité entre les processus de rénovation à l’oeuvre dans le travail de deuil et les produits de création du design.

Dans tout objet non seulement rédécoré, réutilisé, rénové, ou même dans tout objet apparemment créé ex-nihilo et en accord intrinsèque au Zeitgeist, il y a quelque  chose du passé qui réapparait comme arrière fond ou comme source primitive, lumineuse, archaïque ou prototypique, de l’innovation. Même dans le design ultra-moderne, parfois incompréhensible avant l’heure, on fait du neuf avec l’ancien y compris si le neuf et l’ancien ne se situent pas au même niveau ou s’ils agissent sur des aspects différents d’un même produit. L’ancien qui réapparaît dans le nouveau est aussi une oeuvre du deuil. Si nous pouvons affirmer que les objets ou les êtres oubliés aussi bien que les objets ou les êtres ressuscités sont en complicité secrète avec les objets novateurs du design, c’est dans la mesure où les processus de création sont, dans ces cas, reliés au travail implicite du deuil.

Dans l’architecture ruiniste, il s’agit de redonner un souffle nouveau à l’âme mort-vivante qui hante les restes des bâtiments délaissés pour réconcilier le sujet contemporain avec son terrible manque de sens généalogique. L’un des moyens privilégiés pour calmer les fantômes du passé qui l’habitent de manière dispersée est alors justement de réparer, de refaire, de revenir, pour les habiter. Ces anciens habitats en ruine, qui sont utilisés comme socle, matériel ou point de départ, avaient autrefois contenu les insignes du pouvoir, de la production, du cadre ou des limites : anciennes écoles, gares, industries, églises, granges, etc.

Ces ruines urbanistiques et architecturales peuvent équivaloir aux déchets qui se matérialisent, dans certains cas, également dans le corps humain, comme le sont les larmes qui ne coulent pas malgré les cris et les spasmes, les boules vides d’air qui empêchent de respirer, les excréments qui peinent à être expulsés, les aliments vomis dans la boulimie, les traces sensibles d’un viol ancien, les douleurs comme monuments musculaires d’une perte non acceptée…

Ces objets qui deviennent trop encombrants, ou qui deviennent des sérieux obstacles pour récupérer la santé ou l’équilibre affectif, peuvent matérialiser un traumatisme non-dépassé. Mais nous pouvons observer cela avec plus d’acuité chez le sujet maniaco-dépressif qui traverse une phase hypomane. Il tente par ce biais de lutter de manière artistique contre les ruines du noyau maniaco-dépressif qu’il porte en lui-même. C’est un peu cela ce que la fascination pour les ruines architecturales, le Ruinenlust,  représente.

Pour plus d’informations sur ce thème, n’hésitez pas à consulter notre texte sur les Ruines psychiques parmi les objets du deuil et du design dont les paragraphes plus haut sont extraits.

Les thèmes qui pourraient être traités sont les suivants :

— lalangue en ruines ;

— les ruines dans l’art ;

— les cauchemars des dents cassés ou la bouche en ruines ;

— les ruines de la mémoire et la question de l’Alzheimer ;

— le délire de ruine, d’indignité et de culpabilité dans la psychiatrie classique ;

— les ruines financières dans la mélancolie ;

— les ruines corporelles dans l’anorexie ou la toxicomanie ;

— les ruines psychiques et la question des cryptes selon Nicolas Abraham et Maria Torok ;

— facteurs blancs, fuite des événements et ruines psychiques ;

— le corps cotardisé dans les ruines architecturales et urbanistiques ;

— Troglodites et clochardisation ;

— pour une psychanalyse du déchet…

Nous attendons donc vos suggestions.

Si vous êtes intéressé en participer, nous vous prions de nous envoyer un titre et un argumentaire en quelques lignes (maximum une page) à notre adresse mail : [email protected].

Pour la présentation des textes définitifs, vous pouvez vous référer aux Instructions aux auteurs.

Bien cordialement,

GAR, Paris, janvier 2019