Guillaume Airagnes, Autour d’un cas de deuil compliqué d’un enfant suicidé, Faculté de Médecine, Université d’Angers, Angers, 2010. Mémoire pour le Diplôme Inter-universitaire en Psychiatrie Étude et prise en charge des conduites suicidaires, sous la direction du Dr. Philippe Lascar, Psychiatre des Hôpitaux – Chef de pôle Centre Hospitalier Paul Guiraud, Villejuif.

 

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En étudiant un cas de deuil compliqué après le suicide d’un enfant, le psychiatre Guillaume Airagnes reprend la théorie des facteurs blancs en soulignant que « dans l’histoire de Mme D., tous les épisodes de décompensation récents pourraient avoir été déclenchés par de tels facteurs ». Il fait référence aux naissances de deux des enfants, au décès du père de ses deux derniers enfants ainsi qu’au décès de la fille de la patiente.

Voici l’argument :

« Mme D souffre de décompensations thymiques et/ou psychotiques depuis qu’elle est jeune adulte. Elle n’a jamais effectué de tentatives de suicide. Elle n’a aucun antécédent familial notoire. Diagnostiquée initialement psychotique chronique, lorsque l’anamnèse a pu être reprise de manière rétrospective, il s’avère que les éléments psychotiques sont systématiquement délirants, jamais désorganisationnels. Et lorsqu’elle est en phase de production délirante, la thématique est toujours congruente à l’humeur et semble accompagner celle-ci. C’est au regard de cette symptomatologie que Mme D finira par être étiquetée bipolaire et bénéficiant d’un traitement thymorégulateur, bien que non conventionnel, son état se stabilise pendant plusieurs années.

« Des observations récentes d’Arce Ross l’ont conduit à dénommer « facteurs blancs » des événements de vie particulièrement dramatiques qui ne comportent pas de valeur de perte d’objet pour le sujet mais qui, en revanche, réactualisent la valeur vide due à la forclusion de la fonction paternelle.

« Parmi ces facteurs blancs, on trouve un changement de vie radicale, une perte érotique ou bien un décès. Ces facteurs blancs, sortes de trous dans la chaîne signifiante, seraient directement impliqués dans le déclenchement du délire dans la psychose maniaco-dépressive [2].

« Dans l’histoire de Mme D, tous les épisodes de décompensation récents pourraient avoir été déclenchés par de tels facteurs (naissances de deux de ses enfants, décès du père de ses deux derniers enfants, décès de sa fille) » (p. 23).